Vendredi 18 mai


Ce vendredi là, nous avons visité Neuengamme toute la journée. Accueillis par le Dr Grabe, directeur de la Gedenkstätte, nous avons pu mesurer à quel point la Gedenkstätte et l’Amicale entretenaient de bons rapports au service de la mémoire … La visite du camp se fait surtout pour nous avec monsieur Thuriault : en effet, de par notre proximité géographique, nous avons lié avec lui des liens particuliers… Il nous raconte son douloureux périple en camp : le service de la soupe où il était dans un premier temps, le Revier, infirmerie mouroir, le quai où les détenus arrivaient, les dortoirs surpeuplés; le port, où les déportés devaient transporter les briques dans les péniches, la briqueterie ultra-moderne de l’époque et véritable enfer de travail pour les détenus et surtout, pour ceux qui ne pouvaient se prévaloir d’aucune qualification, l’enfer des glaisières … Visiter un camp de concentration avec un déporté, ce n’est pas comme le visiter seul : seul, on mesure mal ce que veulent dire ces fondations de pierres et ce grand terrain … Avec les déportés, on prend conscience que chaque brique qui a servi à construire ce camp est une part de leur souffrance.

La Gedenkstätte a bien fait les choses pour que chaque visiteur parte en ayant mesuré l’ampleur de la barbarie nazie, et ce, tout en gardant un point de vue historique… En effet, on peut à la fois voir la vie quotidienne des déportés, mais aussi l’histoire en elle-même du camp de Neuengamme pendant et après la guerre.

Dans les anciens garages une exposition a pour thème les SS : loin de relativiser les crimes de ces hommes ou de les glorifier, cette exposition essaie de nous faire comprendre pourquoi certains hommes ordinaires basculent du coté de l’horreur …

Enfin, nous avons pu nous rendre au Centre de recueillement où le système informatique mis en place par la Gedenkstätte permet de retrouver rapidement une partie des personnes disparues; des registres tenus par les SS ont pu échapper à la destruction: ils nous donnent l’état civil, le jour et le lieu du décès de 22 457 des 42 900 détenus morts en déportation au camp central de Neuengamme ou dans les kommandos extérieurs. Grâce à cette procédure informatisée, nous avons retrouvé une quinzaine de noms et de matricules de déportés d’Oyonnax : quel gain de temps pour les familles de disparus ! Quant à la maison en elle-même, elle est tapissée des noms des victimes. La liste semble interminable.

Finalement, c’est à nous que revient l’honneur de déposer les fleurs sur l’emplacement de l’ancien four crématoire… On y annonçait aux déportés que c‘était par là qu‘ils sortiraient… Pour nous cette gerbe est porteuse de sens : elle montre l’intérêt qu’a l’amicale à transmettre la mémoire….

recueillement sur le site du crématoire

Recueillement
sur l’emplacement du crématoire

C’est Frank qui, exceptionnellement,
porte le drapeau.

Notre visite est intervenue à un moment important de l’histoire du devenir du camp depuis sa libération à la fin de la 2ème Guerre Mondiale: nous avons fini la journée par une réception à l’hôtel de ville de Hambourg. Nous avons été reçus par le Sénat et par la ministre de la culture … La représentante de la ville-Etat a expliqué le programme de son gouvernement en ce qui concerne la mémoire concentrationnaire et l’avenir du site de Neuengamme: les discours semblaient beaux, mais comme le dit Robert Pinçon, président de l’amicale internationale : « Combien de camarades nous ont-ils quittés pendant ces 62 ans?”…62 ans pendant lesquels des activités pénitentiaires et mercantiles ont été installées sur le site comme autant d’offenses aux victimes... Quoi qu’il en soit, nous pouvons mal mesurer l’ampleur des réalisations ou des projets car le discours de la sénatrice n’a pas été traduit en Français contrairement à celui de monsieur Pinçon, traduit en Allemand !


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