Jeudi 17 mai


Nous sommes dans le car qui nous emmène vers Hanovre, nous nous dirigeons vers le Kommando de Misburg aujourd’hui situé dans une petite banlieue de Hanovre; c’était une raffinerie qui a réduit en esclavage 672 déportés qui furent en grande partie évacués au mouroir de Bergen-Belsen. Puis vient la visite de l’Hôtel de ville de Hanovre ; devant l’état presque neuf du bâtiment, on est tenté de croire qu’il a été rasé en 1945 puis reconstruit à l’identique : pourtant ce n’est pas le cas. En effet, une exposition à l’intérieur de l’hôtel de ville retrace, à l’aide de maquettes, l’histoire de la ville de Hanovre : en 1945, la ville est rasée, mais l’Hôtel de ville est l’un des rares bâtiments qui a été épargné par les bombardements alliés. C’est aussi une occasion de se rappeler à l’intérieur de ce monumental édifice de style néo-baroque, construit en 1913, d’autres victimes de la guerre : les civils qui ont péri sous les bombardements, qui sont loin d’être des « frappes chirurgicales » pour reprendre une expression chère aux états-majors actuels…

Après un repas au “Zum Rathaus”, nous partons vers le kommando de Ahlem dit le « commando juif » : les détenus étaient employés au soutènement d’une galerie d’asphalte pour transférer sous terre la production d’usines d’armements; monsieur Chantrel a pu témoigner, de façon particulièrement émouvante, de la pénibilité du travail . Dans cet univers concentrationnaire minier, on imagine bien l’ampleur de la tâche. Nous nous recueillons enfin sur le site du kommando de Stöcken où l’on fabriquait des accumulateurs destinés aux sous-marins; tous les ans, le 8 mai, une commémoration y est organisée par des citoyens de la ville de Hanovre; chaque participant est invité, à la fin de la cérémonie à déposer une rose, ce qui explique le sol encore jonché de fleurs .

A chaque fois nous avons pu noter l’engagement de la ville de Hanovre: d’une part par les monuments érigés à la mémoire des victimes sur les lieux mêmes des kommandos - mémoriaux à l’architecture poignante et intéressante -; d’autre part, par le fait qu’ à chaque dépôt de gerbe et au repas une représentante de la ville de Hanovre nous a accompagnés.


Ahlem René Chantrel


Ahlem

René Chantrel témoigne

Une partie du Mémorial

(à gauche sur la photo)

suggère l’entrée

dans un lieu souterrain


En fin d’après midi, la visite la plus poignante de la journée est certainement celle de l’école de Bullenhuser Damm à Hambourg, une école à jamais en deuil; c’est dans cette école que, le 20 avril 1945, furent pendus vingt enfants juifs originaires de toute l’Europe. Ils avaient entre 7 et 12 ans quand les SS les assassinèrent avec leur accompagnateurs, des déportés français et hollandais. Le même jour, 24 prisonniers de guerre soviétiques furent aussi pendus. Avec horreur en visitant les lieux du crime, l’exposition et le Jardin du souvenir, on se rappelle que ces enfants servaient à de terribles manipulations médicales dans les camps de concentration : ils échappaient à la chambre à gaz à la sortie de la « sélection » pour se voir inoculer des maladies telles que la tuberculose ou bien pire … Véritables cobayes humains, ces enfants, arrachés à leurs attaches parentales, ne pouvaient compter que sur leurs accompagnateurs; parmi eux René Quenouille, médecin communiste français ou Gabriel Florence, biologiste ….C’est pour eux, pour les enfants et pour les prisonniers, que nous avons déposé une gerbe avant de retourner à l’hôtel situé près de Wandsbeker Chaussee.


***

Gabriel FlorenceIl chercha à sauver les enfants
et, pour cela,
il fut assassiné par les SS.
   Sa famille, Paris

René Quenouille

                                      

Plaques posées à l’initiative des familles au jardin du souvenir

RETOUR