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                Hommage aux déportés

J’ai regardé, ce jour, le soleil s’abîmer
Dans l'océan profond des souvenirs perdus
Mémoire, où donc es-tu ? Laisse moi ranimer
La cohorte sans nom de mes amis tondus,
    Frappés, meurtris, pendus,
    Pauvres spectres hideux
Avec vos grands yeux morts, et votre teint terreux!
Je vous dois cet égard, vous qui êtes partis
En fumée si légère qu’il ne reste de vous
Que le souffle du vent gémissant dans la nuit !
En quel havre de paix un Dieu sublime et doux
    Vous a-t-il accueillis ?
    Vous avez trop souffert
    Trop subi, trop donné
    Vous venez de l’enfer...
  Il vous a ouvert ses bras de crucifié,
    Vous a pris contre lui,
    Et puis, il vous a dit :
    Voici votre royaume
    Celui des suppliciés...
                        Roger Joly